« C’est un signe encourageant », déclare Bart Teuwen, expert en absentéisme chez Mensura et Certimed. « Cela montre que ceux qui veulent et peuvent travailler pendant leur absence sont prêts à discuter des options. » Un autre chiffre montre que le dialogue sur l’absentéisme et l’employabilité doit être mené de manière différente : 7 Belges sur 10 sont déjà allés travailler alors qu’ils étaient malades. « Le danger du présentéisme – aller au travail parce que l’on ressent une pression justifiée ou perçue comme telle – est donc bien réel. Notre approche actuelle de l’absentéisme n’est pas efficace. Nous devons en rediscuter avec toutes les personnes concernées. »

Nous détestons quand notre collègue est malade

Les collaborateurs et employeurs belges trouvent l’absentéisme pour cause de maladie ennuyeux. C’est ce qui ressort d’une enquête indépendante sur l’absentéisme* de Mensura et Certimed. Quelque 44 % des employeurs estiment que l’absentéisme perturbe fortement leur entreprise. 1 sur 3 le juge « plutôt ennuyant ». Les travailleurs n’apprécient pas non plus qu’un collègue ne se présente pas au travail inopinément. Pas moins de 64 % des travailleurs jugent ennuyeux l’absentéisme d’un collègue.

Bart Teuwen : « Assumer le travail d’un collègue absent, accueillir le remplaçant, devoir subitement revenir sur un jour de congé… ce ne sont là que quelques exemples de l’effet de l’absentéisme sur les collègues immédiats. Et c’est là que réside un danger : avant même de s’en rendre compte, une culture de l’absentéisme peut s’installer, incitant les travailleurs toujours présents à se faire porter pâle à la prochaine occasion. »

Nous sommes prêts à « faire quelque chose pour le boulot » quand nous sommes absents

Selon Bart Teuwen, il est important que les employeurs amorcent autrement, de manière professionnelle et chaleureuse, le dialogue avec leurs travailleurs lorsqu’ils sont absents pour cause de maladie ou d’accident : « Généralement, les employeurs n’engagent pas le dialogue avec un collaborateur absent pour cause de maladie ou d’accident. Dans de nombreux cas, cela se limite à la notification de l’absence et au certificat médical obligatoire. Or, nous devrions penser beaucoup plus en termes de possibilités. Quand on est chez soi avec une jambe cassée ou en convalescence pour une maladie de longue durée, il est possible de continuer à travailler d’une manière ou d’une autre. Se concentrer sur les possibilités dont disposent encore les collaborateurs, c’est un pas très important vers une réduction structurelle de l’absentéisme pour cause de maladie dans notre pays. Le processus de réintégration après une longue période d’absence requiert également cet état d’esprit. »

Il ressort de l’étude de Mensura et Certimed que les travailleurs sont ouverts à la possibilité de continuer à travailler d’une manière ou d’une autre pendant une période d’absence. 83 % des travailleurs déclarent ainsi être prêts à faire quelque chose pour le boulot, si les circonstances le permettent, alors qu’ils sont obligés de rester à la maison pour cause de maladie ou d’accident.

Le danger du présentéisme

Mensura et Certimed mettent également en garde contre les risques du présentéisme. Bart Teuwen : « Personne n’est censé travailler alors qu’il est malade. La santé et le bien-être sont essentiels pour travailler durablement, en étant motivé et productif. Les travailleurs qui se rendent au travail alors qu’ils sont malades peuvent potentiellement infecter leurs collègues et ne seront pas efficaces. » Les chiffres de l’enquête sur l’absentéisme montrent que le travailleur belge a déjà franchi cette limite. 67 % de la population active indiquent qu’ils iraient travailler alors qu’ils sont malades. 7 sur 10 sont effectivement restés au travail alors qu’ils étaient malades ou ne se sentaient pas en état d’aller travailler.

Ce sont principalement les travailleurs de la catégorie d’âge inférieure (18-34 ans) qui se rendent au travail malgré leur maladie (73 %). Les femmes (72 %) sont plus nombreuses à se rendre au travail malades que les hommes (62 %). Parmi les raisons invoquées pour continuer à travailler, il y a le fait de se sentir utile, mais aussi de faire bonne impression ou de craindre la réaction des collègues ou des supérieurs.

Bart Teuwen : « Ces chiffres soulignent l’importance d’un dialogue ouvert entre employeurs et travailleurs. Le travailleur ne doit pas se sentir obligé de retourner au travail s’il est malade. Mais lorsque le travailleur est désireux de s’impliquer, les alternatives doivent être négociables. La crise du coronavirus a par exemple montré que, pour de nombreuses fonctions, on peut tout aussi bien rester employable de chez soi, même en quarantaine. En autorisant une forme de télétravail, vous soutenez, en tant qu’employeur, un collaborateur malade qui indique qu’il veut se rendre utile. »

La charte de l’absentéisme : le dialogue constructif entre tous les acteurs de l’absentéisme

Afin de parvenir à une politique d’absentéisme positive et durable, Mensura et Certimed invitent toutes les personnes concernées par l’absentéisme – employeurs, experts, managers RH et travailleurs – à entamer un dialogue. C’est pourquoi Mensura et Certimed ont lancé conjointement la charte de l’absentéisme, un site web sur lequel sont regroupées des informations internes et externes concernant l’absentéisme.

* Enquête indépendante sur l’absentéisme réalisée entre le 5 mars 2021 et le 23 mars 2021 par le bureau d’études Indiville pour le compte de Mensura et Certimed auprès de 1 000 travailleurs (53 % d’employés, 8 % d’ouvriers, 39 % de fonctionnaires) et 511 employeurs (profils RH ou autre implication dans la politique d’absentéisme). Les données sont représentatives du sexe, de l’âge et de la région pour les travailleurs et de la taille de l’entreprise pour les employeurs.